Le Père Alexandre Hamonet, prêtre doyen de notre Eglise, membre du clergé de la paroisse bordelaise Saint Jean-Baptiste a fêté ses 90 ans le 5 juin dernier ! Personnalité attachante, le Père Alexandre est aimé de tous, et bien au-delà du cercle de la paroisse gallicane ; je pense en particulier au Stade Bordelais où il compte de nombreux amis.

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Ayant connu de sérieux soucis de santé l’année dernière, il se demandait s’il pourrait franchir le cap des 90 printemps. Mais son épouse Madeleine « avait insisté » ! Et « ce que femme veut Dieu le veut », dit le proverbe. Ensemble il se sont battus, ensemble ils ont fêté cet anniversaire !

Madeleine voulait lui faire une surprise. Avec Sylvie nous avons été invités au repas d’anniversaire donné au restaurant du Stade Bordelais au Bouscat. Ses amis athlètes, car Alexandre est un grand sportif, étaient présents. Joie, bonne humeur, optimisme, caractérisent ces vétérans qui pratiquent encore l’athlétisme et témoignent, à leur manière, que la « foi soulève les montagnes ».

Un Athlète Méconnu

Dans l’Eglise Gallicane, la modestie naturelle et l’humilité du Père Alexandre cachent le champion de course à pied !

Jugez plutôt :

Il est toujours détenteur des records de France suivants : (source - site internet de la Fédération Française d’Athlétisme)

Catégorie vétérans de plus de 75 ans  :

800m - Salle 2 minutes 59 secondes

1 000m - Salle 3 minutes 53 secondes

800m - Stade 2 minutes 51 secondes

1 000m - Stade 3 minutes 46 secondes

Catégorie vétérans de plus de 80 ans  :

400m - Salle 87 secondes

800m - Salle 3 minutes 38 secondes

800m - Stade 3 minutes 30 secondes

Père Alexandre a fait sienne cette parole de l’Apôtre Paul : « Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade courent tous, mais qu’un seul remporte le prix ? Courez de manière à le remporter... » (1 Corinthiens 9,24).

«Vous mourrez en bonne santé» lui a déclaré son médecin...

Surtout ne croyez pas que Père Alexandre a pratiqué la course à pied toute sa vie: « Tout a commencé vers 50 ans, je me suis aperçu que je me mettais dans un fauteuil à regarder la télé et je me suis dit qu’il fallait que je réagisse ».

En guise de « réaction » voici son palmarès pour l’année 2004, à l’âge de 82 ans :

* 1er au cross de Gujan-Mestras
* 1er au cross de Bègles
* 1er au championnat d’Aquitaine
* 5ème à Prignac et Marcamps
* 1er au championnat de France - 400 mètres en salle

A 70 ans il a remporté onze cross d’affilée courus dans la région Aquitaine. Citons encore: deuxième au championnat de France de France du 1500 mètres au Mans à 60 ans, champion d’Aquitaine sur le 800 mètres, sur le 4 fois 100 mètres, en triathlon en 1992 et 1993; à 75 ans record de France sur 1000 mètres en trois minutes quarante six secondes. Au 31 décembre 2002, trois de ses records n’étaient toujours pas dépassés sur 1000 mètres, sur 1500 mètres et sur 800 mètres !

Père Alexandre s’est longtemps entraîné plusieurs fois par semaine au parc Rivière, rue Mandron, à 200 mètres de l’emplacement de l’ancienne chapelle Saint Jean-Baptiste (période 1985 à 2000). A 83 ans cet homme étonnant était encore capable de faire plus de trente pompes d’affilée !

Le Sport et l’Eglise Gallicane

Dans un livre publié en 1969 et intitulé « Les Chemins de la Santé », le Père Serge Mathias - prêtre gallican, ami de Mgr Truchemotte qui avait préfacé l’ouvrage - écrivait :

- « Le sport est une magnifique discipline, il faut être sportif pour vivre intégralement, car le sport est le jeu du muscle et de l’esprit. Soigne ton corps, car il est le support de ton âme. Non seulement le muscle nous permet d’agir, de nous déplacer, de gagner notre vie, mais encore il est la cuirasse du corps, le soutien des organes. S’il s’atrophie, c’est un lamentable effondrement, les organes pèsent les uns sur les autres, il n’y a plus de digestion possible, ni d’évacuation normale, la respiration est courte et le pauvre cœur ne bat plus que par complaisance ou habitude. L’homme du XXème siècle ne sait plus marcher, nul n’écrira plus, et c’est dommage, « Les rêveries d’un promeneur solitaire ». Il est condamné à perpétuité au supplice de la roue. Si tu m’en crois, ami lecteur, laisse la route aux assoiffés de vitesse, prend le chemin creux où chantent encore les oiseaux, ramasse le bolet parfumé ou la girolle, fais un bouquet de fleurettes et de souvenirs. Vis enfin, et tant pis si tu sembles démodé et romantique à tes amis, communie avec l’herbe et le ruisseau et surtout, oui surtout, laisse le transistor dans la voiture, il t’empêcherait d’entendre chanter le vent. »

A Valeille, pour la fête de la paroisse Saint François d’Assise, le 1er juillet 2012, nous avons la veille - en entendant « chanter le vent » dans l’étable du Père Bernard - partagé avec le clergé forézien la lecture de l’introduction d’un cahier manuscrit de 200 pages contenant les homélies de Mgr Giraud, premier patriarche de notre Eglise à Gazinet. Plusieurs dizaines d’années avant le livre du Père Mathias, Mgr Giraud écrivait dans la préface de cet ouvrage  : « Il faut de la culture à l’exercice, de l’entraînement à l’esprit comme au corps, autrement il se rouillerait, c’est à dire ses facultés s’endormiraient, sa puissance s’annihilerait. »

Que de bons sens dans ces paroles !

Mgr Thierry Teyssot


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