A de nombreuses reprises les Ecritures, les vies des Saints nous parlent des forces angéliques: anges, archanges, chérubins, séraphins etc... Comment les définir ? Comment les distinguer de l'Etre Humain ?

Les Conciles de l'Eglise nous ont précisé que l'Homme avait une âme "formante", mais que les citoyens du monde angélique avaient une âme "informante", autrement dit que l'âme de l'Etre Humain ne peut former qu'un corps, toujours le même, alors que l'âme angélique peut revêtir la forme qu'elle désire : oiseaux, animaux, plantes, corps masculins ou féminins, ailés ou non, etc...

Nous savons aussi que l'Ange n'est pas cantonné dans nos quatre dimensions (hauteur, largeur, profondeur et temps). Pour parler comme les scientifiques contemporains, l'ange se situe bien au delà de notre continuum spatio-temporel.

L'on pourrait se représenter l'ange comme appartenant à ce que nous pourrions appeler la cinquième dimension et l'archange comme ressortissant de la sixième, et ainsi de suite pour les neuf choeurs angéliques. Dire cela c'est donner une dimension immense à ce que nous pourrions appeler la "super humanité..." Ces esprits Majeurs sont à des infinis de ce que nous pouvons percevoir par nos sens.

Ou plus exactement ils sont sur des longueurs d'ondes différentes... Nous pouvons compare le monde où nous vivons à une chaine de télévision et les neuf régions angéliques à neuf autres chaines. Pourtant nous savons que parfois il se produit comme une interférence qui fait passer un des personnages de la chaine angélique sur la chaine humaine.

Saint Denis l'Aéropagite, Origène et quelques autres ont beaucoup enseigné sur les neuf choeurs d'Anges.

Nous renvoyons le lecteur à leurs ouvrages en nous contentant de souligner deux aspects du monde angélique :

a) Celui d'intermédiaire qui est souligné par le nom même des anges dans la Bible... Gabri-El : messager de Dieu, Rapha-El : guérisseur de Dieu, Mika-El : reflet de Dieu, Uri-El : garde de Dieu; le suffixe El ne laisse aucun doute sur le rôle donné par Dieu à l'ange par rapport aux habitants de la Terre.

b) Le second rôle a été mis en lumière par Monseigneur Patrick Truchemotte dans une étude réalisée en janvier 1969 sur la place de l'animal en ce monde. Reprenant les formes généralement utilisées par les anges, le Patriarche de l'Eglise Gallicane constatait que si l'homme a été créé à l'image de Dieu, chaque espèce animale fut créée à l'image d'un Ange... De là à constater que l'Univers dans lequel se meut l'Etre Humain baigne dans une série de formes émises par les Anges, il n'y a qu'un pas que la pensée théologique peut facilement franchir.

Les formules de bénédiction de l'eau et du sel dans l'Eglise Gallicane comprennent un exorcisme, autrement dit un appel impérieux à l'Ange de ces deux éléments... De même nous pouvons évoquer le : "Je te salue Saint Chrème" que dit l'Evêque au krisma qu'il vient de consacrer le Jeudi Saint, dans la liturgie catholique; l'on ne salue pas en lui parlant une bouteille inerte, mais on peut s'adresser à la puissance angélique qui l'anime.

Encore un exemple : lors du passage de l'Evangile nous parlant de la barque dans la tempête, il nous est dit que Jésus commanda au vent et à la mer.

Jésus ne peut s'adresser à des phénomènes atmosphériques ou à l'élément marin, qui n'ont pas "d'oreilles", mais il peut s'adresser aux Puissances Angéliques qui gouvernent l'un et l'autre.

Dès que nous avons réalisé cela, nous comprenons mieux l'antique vision de l'Eglise et sa puissance à opérer en se servant de l'intervention de ceux que Dieu a préposé à maintenir l'équilibre de ce qui forme la Création.

Notre époque parle trop peu des Anges; sans la notion de ce qu'ils sont, il nous est difficile de bien comprendre le mécanisme de la prière de demande. "Dieu, dit Bossuet, qui est un pur esprit a voulu créer de purs esprits comme lui; qui comme lui vivent d'intelligence et d'amour".

Là s'arrête la ressemblance entre Dieu et le Monde angélique car Dieu est parfait et il est le seul parfait : "Et il a trouvé de la dépravation, même dans ses Anges." (Job 4-10)

Ces Anges faillibles comme nous mais beaucoup plus proches de la vérité constituent, nous l'avons déjà dit, un auditoire hiérarchisé à la prière... Le Psalmiste nous le rappelle :

- "Ô mon Dieu, je t'adorerai devant tes Saints Anges, je chanterai tes merveilles en leur présence" (Psaume 137).

Suivons la prière dans cette montée hiérarchisée, elle passe par ces échelons que la Sainte Ecriture nous a mentionnés (Psaume 90, Mathieu 18-10, Thessaloniciens 4-16, Ephesiens 1-21, Colossiens 1-16, Isaïe 6-2, etc).

Rappelons ces échelons du monde angélique où notre prière parviendra selon son intensité:

Anges, ce sont les plus petits, les plus proches de nous, presque à notre niveau, dans ce que nous pourrions appeler la cinquième dimension ou le premier Ciel.

Archanges, c'est déjà l'étage supérieur, un domaine très au-dessus de tout ce que nous pouvons immaginer, disons la sixième dimension ou le second Ciel.

Les Vertus, encore un degrés plus haut. Précisons bien que quand nous parlons d'un troisième Ciel, il ne s'agit pas de hauteur, même gigantesque. Nous sommes depuis longtemps sortis de l'espace et du temps tels que nous le concevons.

Dominations, ces noms sont ceux donnés par la Bible, mais qu'est-ce qu'une Domination, quatre fois supérieure à l'ange, habitante de la quatrième région céleste ? La raison chavire à vouloir se la figurer.

Principautés, nous voici au cinquième échelon spirituel, la neuvième dimension par rapport aux quatre qui forment notre univers.

Puissances, habitants d'un sixième Ciel d'où l'on voit l'homme à la façon dont l'homme voit une fourmi.

Trônes, l'oeil du Voyant a parfois du mal à distinguer ces habitants de la onzième dimension de la Gloire Divine tant ils en sont irradiés... Dans le langage humain on dit facilement : Etre au septième Ciel pour marquer un état de bonheur, de joie immense... Ce n'est qu'une image bien imparfaite pour décrire le milieu ambiant où se meuvent ces êtres.

Chérubins, le Peuple de la Bible, l'Egypte initiée aussi n'avaient pu trouver qu'une figure pour décrire la Force, l'impact brutal, la fougue des Kérubins. Ils les représentaient avec les traits du Taureau... Il y a quelque chose de gigantesque dans ces citoyens du huitième pallier céleste...

Mais voici le neuvième... notre treizième dimension... Ce qui touche Dieu : les Séraphins.

Bossuet que je citais tout à l'heure, nous dit parlant des neuf choeurs angéliques :

- "Qui entreprendra d'expliquer ces noms augustes, ou de dire les propriétés ou les excellences de ces belles créatures ? Trop content d'oser les nommer avec votre écriture toujours véritable, je n'ose me jeter dans cette haute contemplation de leurs perfections; et tout ce que j'aperçois, c'est que parmi ces bienheureux esprits, les Séraphins qui sont les plus sublimes et que vous mettez à la tête de tous les célestes escadrons, le plus près de Vous, n'osent pourtant lever les yeux jusqu'à Votre Face".

Continuant ce magnifique exposé, l'Aigle de Meaux fait remarquer que les Séraphins emploient quatre de leurs six ailes pour se cacher entièrement de la trop éblouissante lumière du Très Haut et qu'ils ne leur restent que deux ailes, "Deux ailes pour voltiger (Isaïe 6-2) si l'on ose dire, autour de vous, sans pouvoir jamais entre dans vos profondeurs, ni sonder cet abîme immense de perfection". (Elévations sur les Mystères - Page 52).

Il est un livre apocryphe, mais certainement respectable puisqu'il est cité avec révérence par les Pères de l'Eglise, c'est "l'Ascension d'Isaïe"...

Le prophète, transporté pendant la prière jusqu'au neuvième Ciel assiste au plus grand évênement qui va toucher l'Humanité : le Logos s'élance de son Trône Royal, le Fils quitte sa place à la droite du Père et descend jusqu'à la région où sont les Séraphins...

Il se diminue en taille, en intensité, en gloire visible jusqu'à la dimension d'un habitant du neuvième Ciel... Puis il renouvelle le prodige, après s'être en quelque sorte "fait séraphin", il se fait chérubin, la diminution est tellement importante que les Chérubins en sont stupéfaits... Comment ce Dieu gigantesque se diminue jusqu'à leur taille et pourquoi ?

Mais le Logos, le Verbe, la Parole Incrée se transforme encore...

Elle se fait plus petite qu'un chérubin, elle descend d'un Ciel, elle se diminue, se rapetisse, elle passe dans cette onzième dimension, dans ce septième Ciel si haut pour un Archange, mais si petit pour un Séraphin.

Et les étapes continuent, à contre courant de ce que nous appelons l'Evolution...

Le Fils de Dieu descend dans ce qui pour lui est l'infiniment petit; de Trône il devient Puissance, puis Principauté... Le voici qui se dégrade encore, comme un général qui rétrograderait au rang de colonel, puis de capitaine, puis de lieutenant et ainsi de suite.

Cela dure des millénaires de notre temps... Durant cette descente, l'Humanité passe d'Adam à Noé, puis à Abraham, puis à Jacob, etc...

Le Fils de Dieu descend au rang des Vertus des Cieux, il n'a plus qu'à rétrograder au rang d'Archange, puis d'Ange.

Des millénaires se passent encore... Après être descendu au rang le plus bas du monde angélique le Fils de Dieu va-t-il remonter cette série d'échelons, redevenir Archange, puis Vertu, puis Principauté, puis Puissance...?

Non, il descend un échelon plus bas que le premier Ciel ?

Il s'incarne sur Terre, il se fait Homme.


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