Jean-Marie-Baptiste Vianney est né et a été baptisé à Dardilly, dans la banlieue de Lyon, le 8 mai 1786.

Ses parents, Mathieu Vianney et Marie Beluse, modestes et humbles cultivateurs des environs de Lyon auront six enfants; Jean-Marie sera le cinquième. Très tôt l'enfant manifeste des dispositions religieuses, un goût prononcé pour la prière et la contemplation.

Il traverse la Révolution, travaillant la terre et gardant les troupeaux. A treize ans, il fait sous le Directoire sa première communion. L'événement se passe à Ecully, dans une grange dont on a dissimulé l'entrée avec des charrettes de foin. La Terreur n'avait pas ménagé l'Eglise de France.

Cependant la persécution s'éteint peu à peu, et, à la suite du célèbre Concordat qui rend la paix à l'Eglise Gallicane l'Abbé Balley est chargé de la paroisse d'Ecully qu'il desservait depuis plusieurs années en secret. Le vénérable Curé pressent que Dieu veut faire du jeune cultivateur de Dardilly un pasteur des âmes, mais Jean-Marie sait à peine lire. De plus son intelligence est lente, rebelle à l'instruction.

En 1805, il entre dans une école fondée à Ecully par l'Abbé Balley. Il a vingt ans. Il s'assied sur les bancs à côté des enfants. Il a beaucoup de mal à apprendre à lire et à écrire. Autant l'élève est riche des dons de la sainteté, autant il est pauvre de ceux de l'intelligence.

En 1809, au moment où il croit entrer au séminaire, il reçoit une feuille de route pour Bayonne. L'Empereur a besoin de soldats pour la guerre d'Espagne. Mais affaibli par les jeûnes et les pénitences il ne parvient pas à rejoindre son unité; malgré lui, il devient objecteur de conscience. Il va se cacher pendant un an avant d'être amnistié lors du mariage de Napoléon avec l'archiduchesse Marie-Louise.

A son retour Monsieur Balley le fait admettre au petit séminaire de Verrières pour y étudier la philosophie. Il a 27 ans, nous sommes en 1812. En 1813 il entre au grand séminaire de Lyon pour y étudier la théologie. Il y fait preuve d'une vertu admirable, mais son cerveau rebelle lui vaut d'être congédié. Séminariste modèle, mais élève extrêmement faible il est néanmoins admis au sous-diaconat en 1814, au diaconat en 1815. La protection, le travail et les encouragements de l'Abbé Balley y sont pour beaucoup, et puis le diocèse de Lyon a besoin de prêtres. Le vicaire général lui-même se sent porté à l'indulgence:
- "L'Abbé Vianney est-il pieux ? A-t-il de la dévotion à la Sainte Vierge ? Sait-il dire son chapelet ?
- Oui. C'est un modèle de piété.
- Un modèle de piété! Eh bien, je l'appelle!
La Grâce de Dieu fera le reste..."

Le 13 août 1815 Jean-Marie-Baptiste Vianney est ordonné prêtre par Mgr Simon, évêque de Grenoble. Il a 29 ans. "L'Eglise, avait conclu Monsieur Courbon, le vicaire général, n'a pas seulement besoin de prêtres savants, mais encore et surtout de prêtres pieux."

Nommé Vicaire de Monsieur Balley en la paroisse d'Ecully il y demeure trois ans durant lesquels son maître achève sa formation sacerdotale et l'initie à toutes les vertus qui font les saints prêtres.

A la mort de son bienfaiteur, le 17 décembre 1817, il est nommé Curé d'Ars, une petite paroisse du département de l'Ain de 230 habitants à peine.

Le nouveau Curé ne s'inquiète pas de savoir si oui ou non le vicaire général place dans les paroisses du département de l'Ain, "devenu une sorte de Sibérie pour le diocèse de Lyon, les sujets qui lui semblent présenter moins de garanties". Le plus simplement du monde il va trouver Monsieur Courbon qui lui dit, en signant sa feuille de nomination: "Il n'y a pas beaucoup d'amour du bon Dieu dans cette paroisse; vous y en mettrez!"

Installé le 13 février 1818 il se met à l'ouvrage, tant pour rendre habitable le presbytère délabré que pour toucher les âmes. La région a été déchristianisée par la Révolution; il est décidé à la rechristianiser. Il commence par visiter tous ses paroissiens, les fait venir aux offices, leur parle avec ses mots du Royaume de Dieu, de l'Evangile, de la Présence Réelle du Christ dans l'Eucharistie. Il leur transmet sa Foi; au petit Givre qui lui avait indiqué le chemin d'Ars lors de son arrivée il déclare: "Mon petit, tu m'as montré le chemin d'Ars, je te montrerai le chemin du ciel".

Levé avant le jour, Jean-Marie-Baptiste Vianney prie sans cesse. Bien avant les premiers rayons de l'aurore, quand tout repose dans le village, on peut voir clignoter, traversant le cimetière, une lueur indécise. Monsieur Vianney, une lanterne à la main se rend à son église pour y prier. Son ascèse et son comportement de tous les jours forcent l'admiration et le respect de ses paroissiens. Petit à petit on vient le consulter comme directeur spirituel, non seulement les fidèles de sa minuscule paroisse, mais aussi ceux des environs.

Il est bientôt jalousé et calomnié, il n'en a cure. Il ouvre une école gratuite pour les filles, une autre pour les garçons; il y joint ensuite un orphelinat. Mais bientôt se répand le bruit que l'Abbé Vianney guérit les malades, lit dans les coeurs. Aussitôt on accourt à Ars pour le voir, pour l'interroger, aussi pour guérir. Des pèlerins affluent pour se confesser, pour entendre la voix du bon Curé inlassable. Loin de négliger sa paroisse, ni surtout le catéchisme, il est partout à la fois et surtout infatigable, bien que diminuant sans cesse ses heures de sommeil déjà troublées par les attaques du prince des ténèbres.

Insensiblement la physionomie du village se transforme, certains chroniqueurs ont pu écrire qu'à partir de 1827 "Ars n'était plus Ars". Le village devient peu à peu un îlot de sainteté. Le rayonnement merveilleux du saint curé a produit son effet. De partout les pèlerins vont et viennent vers ce pôle spirituel de la Foi, de la prière et de l'évangélisation.

Ainsi s'écoule la vie de cette modeste paroisse dont la renommée s'étend maintenant à travers toute la France et même au-delà. Au rythme des fêtes liturgiques fêtées ici avec beaucoup plus de ferveur qu'ailleurs, des vagues de pèlerins qui déferlent chaque jour plus nombreuses sur la contrée, Ars inscrit sa page d'Histoire dans le grand livre de la Vie. A partir de 1840 l'on compte environ 40000 personnes qui font chaque année le pèlerinage à Ars; le nombre passera à 80000 vers 1855.

De subtiles tentations tentent pourtant d'arracher Jean-Marie-Baptiste Vianney à son ministère. Il rêve d'une vie contemplative, face à face avec Dieu. L'appréhension de "mourir curé" le ronge à certains moments. A plusieurs reprises il adresse sa démission à son évêque qui la refuse. Seul sous l'écrasant labeur il connaît une période de lassitude vers 1843, il tombe malade; le voici entre la vie et la mort. Après une guérison tenant du miracle attribuée à Sainte Philomène, il regagne son poste après quelques jours de repos passés chez son frère à Dardilly. En 1853 il décide de se retirer à la Trappe de Notre Dame de la Neylière. Il est aussitôt ramené dans son église par les paroissiens et les pèlerins qui refusent de le voir s'en aller.

Chanoine en 1850, Monsieur Vianney est aussi promu chevalier de la légion d'honneur en 1855. La société civile elle aussi honore le bienfaiteur et l'ami de l'humanité souffrante.

L'année 1859 voit passer dans l'église d'Ars environ 100000 étrangers. Mais l'épuisement extrême du vieux pasteur atteint son comble. Le temps n'est plus où il disait: "Quand j'ai pris un peu de nourriture et dormi deux heures, je peux recommencer mon ouvrage tout de nouveau." Il se contente maintenant de dire: "On se reposera dans l'autre vie..." Il s'éteint exténué le 4 août 1859 à soixante-treize ans.

Au lendemain de sa mort un pèlerinage s'organise à Ars. Un procès en béatification est ouvert en 1865. Jean-Marie-Baptiste Vianney est béatifié le 8 janvier 1905 et canonisé le 31 mai 1925.

Aujourd'hui encore Ars reste un important centre de pèlerinage.

Saint Jean-Marie-Baptiste Vianney est le protecteur et le saint patron des prêtres de paroisse.

Chapitre 2
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