L'Histoire des chrétiens de Saint Thomas nous offre l'opportunité de rappeler quelques principes essentiels touchant au "Mystère de l'Eglise", à sa nature profonde.

Avec un brin d'ironie soulignons que l'Eglise des chrétiens de Saint Thomas a connu la paix jusqu'à ce que vienne le temps des conquêtes étrangères (militaires et religieuses).

La société chrétienne des premiers siècles ne connaît que des Eglises locales (d'une terre, d'un lieu), administrées chacune par un évêque. L'unité de l'Eglise ne s'appuie en aucun cas sur un seul homme, mais selon l'expression de Saint Vincent de Lérins: "sur ce qui a été cru toujours, partout et par tous." En l'occurence, le même symbole de la Foi (credo), la reconnaissance de la fonction épiscopale, de la prêtrise, du diaconat, l'administration du baptême et des autres sacrements, la célébration de l'eucharistie sous la présidence de l'évêque ou de ses délégués (prêtres).

Saint Ignace d'Antioche (+107), Saint Cyprien de Carthage (+258), tous deux posent comme principes:

1) "L'Eglise exprime sa véritable nature dans la juste célébration de la Cène et dans la communion eucharistique."
2) "Chaque communauté qui célèbre l'eucharistie présidée par son évêque est elle-même l'Eglise universelle dans sa plénitude."

Donc,

a) "Une Eglise locale, c'est à dire une communauté eucharistique communiante autour de son évêque, n'est pas "une partie" de l'Eglise universelle, mais celle-ci tout entière et pleinement."
b) "L'Eglise universelle, réalité qualitative fondée sur le divin Mystère, ne consiste pas en une addition quantitative des Eglises locales existant de par le monde".
c) "La notion d'Eglise comme organisation mondiale englobant toutes les communautés locales (soumises à la tutelle de Rome) est une notion tardive et contraire à la vie normale de l'Eglise de Notre Seigneur Jésus-Christ."

Saint Cyprien de Carthage a donné la meilleure définition de l'unité de l'Eglise:
- "L'épiscopat est un tout, que chaque évêque reçoit dans sa plénitude. De même que l'Eglise est un tout, bien qu'elle s'étende au loin dans une multitude d'Eglises qui croissent au fur et à mesure qu'elle devient plus fertile."

"A quelque Eglise que les évêques soient attachés" a dit saint Jérôme, "à celle de Rome ou à celle de Constantinople, ou encore à celle d'Alexandrie, ils méritent le même respect et possèdent le même sacerdoce."

Aujourd'hui pas plus qu'hier, aucun évêque particulier n'a le droit de prétendre représenter seul l'Eglise Universelle. Chaque évêque représente son Eglise et ce sont ces évêques assemblés qui représentent toute l'Eglise. Ainsi, tous les évêques étant premiers pasteurs, peuvent validement dans leur Eglise, ce que le pape évêque de Rome, peut dans la sienne.

La puissance des évêques n'est donc pas une émanation de la plénitude de pouvoir que s'arroge la papauté, mais une participation de l'autorité divine qui réside en Jésus-Christ, pontife éternel et chef souverain de son Eglise.

Et pourtant, en 1870, le Pape Pie IX s'attribuait par la voix du concile du Vatican une suprématie sur tous les hommes dans les matières de foi et de morale; suprématie fondée sur un prétendu privilège d'infaillibilité, usurpant ainsi tous les attributs du Christ.

De la sorte, en subordonnant les évêques à un pouvoir souverain, ce concile en faisait uniquement les vicaires de l'un d'entre eux, et cela contrairement à l'ancienne constitution de l'Eglise qui a toujours déclaré que:
- "les évêques tiennent leur autorité de Dieu même."


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