Souvent, en exauçant nos demandes, les Forces du plan divin ne font qu’agir par les voies ordinaires, en les précipitant ou en les ralentissant, ou bien encore en les ordonnant de telle façon que notre "facteur chance" soit amplifié.

Mais l’expérience de la prière nous montre que parfois ce sont les lois générales, elles-mêmes, qui ont été bouleversées. Le fait prodigieux qui suit est alors nié par beaucoup comme appartenant au domaine de l’impossible, de l’impensable.

Le grand Montaigne disait dans ses Essais qu’il lui avait toujours semblé irrévérencieux et mal fondé envers le Tout-Puissant que de dire : "Dieu ne peut ceci ou Dieu ne peut cela"... "Je ne trouve pas bon, écrivait-il, d’enfermer ainsi la puissance divine sous les lois de notre parole".

- "C’est, disait-il aussi, une sotte présomption d’aller dédaignant et condamnant pour faux ce qui ne nous semble pas vraisemblable; qui est un vice ordinaire de ceux qui pensent avoir quelque suffisance outre la commune".

Et le grand penseur rappelait ensuite comment Saint Augustin témoignait avoir vu un enfant aveugle recouvrer la vue sur les reliques des Saints Gervais et Prothais, avoir vu également une femme cancéreuse être guérie à Carthage par une invocation et le signe de croix d’une femme nouvellement baptisée. De même il a pu lire du même Saint Augustin comment Hespérius avait exorcisé sa maison des esprits qui la hantaient avec un peu de terre su Saint Sépulcre.

Cette même terre du Saint Sépulcre servit également, nous dit le docteur de la Grâce, à guérir un paralytique. Autre témoignage de Saint Augustin : la guérison de cet aveugle par des fleurs ayant touché la châsse contenant les reliques de Saint Etienne. Ces faits sont attestés par Saint Augustin, mais confirmés aussi par deux de ses contemporains : les saints évêques Aurelius et Maximus.

"De tels témoins peuvent-ils être mis en doute ? se demande Montaigne... Peut-on les accuser d’ignorance, de simplicité, de négligence, de malice ou bien d’imposture ? Est-il un homme en notre siècle si impudent, qui pense leur être comparable soit en vertu et piété, soit en savoir, jugement et suffisance ? "

Et Montaigne nous confie avoir assisté lui aussi à un miracle. Michel Marteau, seigneur de la Chapelle, parisien, jeune homme très riche et de vie remuante. Tous les chirurgiens de Paris et d’Italie avaient fait de leur mieux pour tenter de lui guérir un genou enflé et douloureux, mais rien n’y faisait. Michel part en pèlerinage à Lorette où se trouve Montaigne. Arrivé en ce lieu il prie, puis s’endort. Il rêve, se voit environné d’éclairs et réalise que ce sont des influx de guérison... Dans son sommeil, il se sait guéri.

A son réveil, l’impression perdure, la certitude grandit. Michel n’éprouve même pas le besoin de regarder l’état de son genou, ce qu’il a ressenti au cours de son rêve ne donne pas de place à la vérification ou au doute. Il appelle son entourage, sa famille, ses serviteurs :

- Mais la souffrance, l’enflure, la gêne, l’impossibilité de se mouvoir ont à jamais disparu.

"Je suis guéri !" affirme-t-il.

Bien entendu, il n’est pas cru sur parole, mais, lui qui, hier, ne pouvait se bouger se lève, il montre son genou désenflé, seule une peau flétrie autour du genou et comme morte témoigne encore de l’état précédent. Elle ne redeviendra normale que dans les jours qui suivent. Mais la souffrance, l’enflure, la gêne, l’impossibilité de se mouvoir ont à jamais disparu.

- "Il n’est possible de mieux ni plus exactement former l’effet d’un miracle" nous dit le célèbre philosophe, et sa nièce, Sainte Jeanne de Lestonnac, marquise de Montferrand, sélectionnera ce récit pour la lecture de ses religieuses bordelaises.

Et le fait est que l’histoire de l’Eglise multiplie les faits semblables. La prière de Foi fait germer une floraison de faits prodigieux ordonnés au plus grand bien de celui qui prie. De même la prière que l’on fait pour les autres porte elle aussi ses fruits :

- "Abraham, nous dit la Bible, intercéda auprès de l’Eternel et celui-ci guérit Abimélek, sa femme et ses servantes qui purent enfanter" (Genèse 20,17).

La guérison du seigneur de la Chapelle rapportée par Montaigne se situe durant le sommeil. Ce cas se retrouve assez souvent dans la vie des saints comme si le fait d’être endormi favorisait l’action des forces thérapeutiques des puissances du miracle.

C’est ainsi que Jacques Voragine dans sa vie de Saint Augustin raconte qu’un meunier souffrait fort d’une tumeur à la jambe. Il demanda au docteur de la Grâce dont on vénérait les reliques en sa ville de lui permettre de retrouver la santé. Durant son sommeil il fit un rêve dans lequel il voyait le Saint venir lui toucher la jambe. A son réveil il s’aperçut que la tumeur avait disparu.

On pourrait ajouter bien d’autres récits de guérison à travers les songes, le saint agissant dans le domaine du rêve, mais son action bienfaisante se trouvant concrétisée au réveil.

Il est permis de se demander si une partie de l’être humain ne s’approche pas davantage pendant le sommeil du plan sur lequel se situent les saints qui ont quitté la terre, et si ceux qui ont prié avec Foi ne sont pas dans les meilleures conditions pour être exaucés... Le vieux proverbe dit que "la fortune vient en dormant", pourquoi pas d’autres dons du Ciel ?


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