D'origine apostolique, c'est à dire fondée par un apôtre, l'Eglise d'Ethiopie est la plus ancienne des Eglises d'Afrique. Selon la tradition elle aurait été fondée par Saint Mathias, le disciple qui après l'Ascension du Seigneur remplaça Judas au sein du collège des Apôtres.

Par la suite, elle entretint d'étroits contacts avec l'Eglise d'Alexandrie. Mais l'Egypte tomba aux mains de l'Islam dès 640 après J.-C. et les chrétiens d'Ethiopie se trouvèrent coupés des grands courants du christianisme pendant presque mille ans !

Pourtant, en 1520, lorsque le missionnaire et explorateur portugais Francisco Alvarès découvrit l'Ethiopie il eut l'extraordinaire surprise de découvrir un pays extrêmement chrétien, un pays qui avait su garder intact le dépôt de la Foi chrétienne, mieux encore, qui l'avait enrichi des apports d'une culture originale, créant des églises taillées à même les montagnes (aujourd'hui classées au patrimoine mondial de l'humanité) et générant un trésor liturgique et littéraire abondant.

Mais à l'instar de l'Eglise des Chrétiens de Saint Thomas aux Indes les missionnaires jésuites dépêchés par le Vatican en terre éthiopienne tentèrent d'inféoder la vieille Eglise à la hiérarchie romaine. Une union éphémère avec Rome fut même réalisée de 1626 à 1632 en échange de la lutte apportée par les troupes portugaises du fils de Vasco de Gama contre les musulmans. Lorsque les éthiopiens réalisèrent que le prix à payer pour cette alliance était la suppression de leur liberté religieuse ils firent machine arrière toute !

Aujourd'hui, après bien des épreuves, l'Eglise d'Ethiopie est une réalité vivante et incontournable dans son pays. Forte de dix millions de fidèles elle a toujours été l'épine dorsale de la nation. En Afrique, son histoire, ses résistances et sa réussite en font une légende et un exemple en regard des jeunes Eglises africaines qui grandissent actuellement. Gageons que cet article devrait intéresser notre évêque du Cameroun Mgr Théophile M'Bogué et ses communautés. Nous les saluons par l'esprit et leur adressons notre fraternel et amical baiser de paix.

Roi Salomon perché sur un lion
peinture sur peau de chèvre.

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Les Temps Anciens

D'après la légende et l'histoire biblique, la tradition chrétienne de l'Ethiopie se rattache à un âge fort lointain. Mille ans avant la venue du Christ, la reine de Saba (ancien nom de l'Ethiopie) rendit visite au roi Salomon à Jérusalem pour éprouver sa sagesse. Le voyage s'effectua "avec un grand faste, avec des chameaux chargés d'épices et de beaucoup d'or et de pierres précieuses" (1 Rois 10,1-13). Le roi s'éprit de la reine et, de leurs amours, naquit un fils. Le fils devint roi d'Ethiopie sous le nom de Ménélik 1er et fonda la dynastie du Lion de Juda dont se réclamèrent les rois d'Ethiopie jusqu'à l'empereur Haïlé Sélassié mort en 1975.

Les contacts entre l'Ethiopie et le pays d'Israël relevèrent ensuite du courant prophétique lié à la venue du Sauveur. Ainsi, l'épître de la messe du jour de l'Epiphanie mentionne "ceux de Saba qui viendront offrir l'or et l'encens en chantant les louanges du Seigneur" (Isaïe 60,1-6). "L'Esprit souffle où il veut" enseigne l'Evangile de (Jean 3,8), pourquoi n'aurait-il pas soufflé sur le peuple éthiopien ? Parmi les mages venus adorer à la Crèche la naissance de l'Enfant-Dieu (et dont la tradition a fait des rois), le personnage du monarque à la peau d'ébène correspond de toute évidence à un haut dignitaire éthiopien. Des siècles avant la naissance du Sauveur, le psaume 72 de la Bible annonce lui aussi prophétiquement la venue du Christ et l'adoration des rois de Saba au verset 10.

De ceci nous pouvons déduire que le christianisme avait toutes raisons de trouver un terrain favorable en Ethiopie pour y éclore et s'y développer.

Selon la tradition éthiopienne, la Sainte Famille se serait réfugiée près du lac Tana (Ethiopie) - Peinture sur peau de chèvre.

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Et les signes divins ne s'arrêtent pas là, toujours selon le Livre des livres. Après l'Ascension du Seigneur et l'effusion de l'Esprit-Saint lors de la Pentecôte, un ange conduisit le diacre Philippe à la rencontre de l'intendant de la reine Candace d'Ethiopie, venu en pèlerinage à Jérusalem. Le livre des Actes des Apôtres relate l'épisode:

- "L'Ange du Seigneur s'adressa à Philippe et lui dit: "Pars et va-t'en, à l'heure de midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza; elle est déserte." Il partit donc et s'y rendit. Justement un Ethiopien, un eunuque, haut fonctionnaire de Candace, reine d'Ethiopie, et surintendant de tous ses trésors, qui était venu en pèlerinage à Jérusalem, s'en retournait, assis sur son char, en lisant le prophète Isaïe. L'Esprit dit à Philippe: "Avance et rattrape ce char." Philippe y courut, et il entendit que l'eunuque lisait le prophète Isaïe. Il lui demanda: "Comprends-tu donc ce que tu lis" - "Et comment le pourrais-je, dit-il, si personne ne me guide ?" Et il invita Philippe à monter et à s'asseoir près de lui. Le passage de l'Ecriture qu'il lisait était le suivant: Comme une brebis il a été conduit à la boucherie; comme un agneau muet devant celui qui le tond, ainsi il n'ouvre pas la bouche. Dans son abaissement la justice lui a été déniée. Sa postérité, qui la racontera ? Car sa vie est retranchée de la terre. S'adressant à Philippe, l'eunuque lui dit: "Je t'en prie, de qui le prophète dit-il cela ? De lui-même ou de quelqu'un d'autre?" Philippe prit alors la parole et, partant de ce texte de l'Ecriture, lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus. Chemin faisant, ils arrivèrent à un point d'eau, et l'eunuque dit: "Voici de l'eau. Qu'est-ce qui empêche que je sois baptisé ?" Et il fit arrêter le char. Ils descendirent tous deux dans l'eau, Philippe avec l'eunuque, et il le baptisa." (Actes 8,26-38)

De cet extrait nous pouvons conclure deux choses:

1) D'abord une volonté divine de porter l'Evangile en terre éthiopienne. Il ne faut donc pas s'étonner si de vénérables traditions rapportent la prédication de l'Apôtre Mathias en terre éthiopienne afin d'y porter la bonne nouvelle de l'Evangile et y édifier une Eglise. Cette volonté divine semble bien attestée - nous l'avons vu - dès le livre des Actes des Apôtres. Et si des mages venus d'Ethiopie sont venus, lors de la naissance du Christ, adorer l'Enfant-Dieu à la Crèche, il paraît difficile d'imaginer qu'ils en soient restés là sans donner suite...

2) D'autre part un intérêt manifeste des éthiopiens pour la religion du peuple de la Bible. Sans doute est-ce cet intérêt qui aboutit à la naissance des falachas - minorité religieuse d'éthiopiens convertis au judaïsme vers le début de l'ère chrétienne - qui émigrèrent massivement en Israël vers les années 1984-85. Certains d'entre nos lecteurs se rappellent peut-être de la médiatisation du pont aérien de l'émigration, à l'époque.

Selon la tradition éthiopienne, les trois rois mages venaient d'Abyssinie. Aussi, l'Epiphanie qui se tient le 19 janvier est la principale fête de l'année. Toute la nuit se passe en prières. Le matin venu les prêtres portent les Tabots, les copies des tables de la loi. Toujours selon la tradition, Ménélik, fils du roi Salomon et de la reine de Saba, aurait ramené en Ethiopie les tables de la loi de Moïse. Afin que nul ne puisse dérober les vraies tables, chaque église en possède une copie. Ainsi, personne ne peut savoir où sont les vraies tables de la loi de Moïse.

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Procession de l'Epiphanie du 19 janvier - autre cliché.

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Développement de l'Eglise

Comme toute Eglise jeune vivant en des temps féroces où rois et royaumes étaient éphémères - les attaques de nouveaux envahisseurs toujours prêts à convoiter les territoires voisins étaient monnaie courante dans ces régions qui ignoraient la "Pax romana" (paix romaine - on était hors des limites de l'empire des grands Césars de Rome) - l'Eglise d'Ethiopie dut affronter très tôt l'adversité et l'incertitude du lendemain. Ceci explique la thèse développée par certains d'une introduction du christianisme seulement vers l'an 320 de notre ère par Frumence, laïc syrien introduit à la cour d'un roi éthiopien après un naufrage en mer rouge.

Cette thèse reprend les mêmes arguments développés par ceux qui prétendent que l'Eglise de Bordeaux en Aquitaine fut édifiée au IVème siècle par Orientalis, qu'ils qualifient de premier évêque de Bordeaux en 314, à l'encontre de la tradition orale de cette Eglise qui a toujours tenu Saint Fort pour premier évêque de cette ville dès le premier siècle de l'évangélisation chrétienne. Mais cette objection n'a rien qui puisse nous effrayer; dans les premiers siècles, nombre de pasteurs d'églises ont peu écrit. La crainte des barbares, les risques d'invasions et de destructions, le danger de voir tomber en leurs mains les livres saints faisait que tout se transmettait par traditions.

On pourrait encore comparer la situation de l'Eglise d'Ethiopie vers l'an 320 à celle issue de la prédication de l'Apôtre Thomas aux Indes en l'an 325: plus de hiérarchie sacerdotale, pas de guide spirituel pour les conduire et les instruire. Après la visite du marchand Thomas Cana ceci avait conduit à une expédition envoyée par l'Eglise syrienne d'Antioche; l'envoi de 400 personnes venues émigrer aux Indes avec un évêque chargé de restaurer la succession apostolique et de restructurer l'Eglise. Par la suite, l'Eglise des chrétiens de Saint Thomas bénéficia de la protection spirituelle du patriarcat d'Antioche.

Cela fut assez semblable en Ethiopie où, après de nombreuses péripéties, Frumence, le laïc syrien introduit à la cour d'un souverain éthiopien vers l'an 320 fut consacré évêque par le patriarche d'Alexandrie Saint Athanase, le chantre de la divine trinité. Par la suite, l'Eglise d'Ethiopie garda l'habitude de faire consacrer ses évêques par celle d'Alexandrie, en Egypte.

Le Royaume d'Aksoum

Parmi les royaumes chrétiens ayant existé en Ethiopie, nous devons porter les yeux vers celui d'Aksoum. Il fut porteur d'une grande richesse commerciale, culturelle et militaire. "Les marchands d'Aksoum et d'Adulis (port principal du royaume), note un commerçant d'Alexandrie en 523, vendent leur ivoire en Perse, en Arabie, aux Indes et même à Bysance; ils commercent aussi avec Ceylan". Ces indications sont précieuses, elles permettent d'envisager des contacts avec d'autres Eglises chrétiennes, y compris celle des chrétiens de Saint Thomas aux Indes. Nous verrons plus loin que l'archéologie apporte la preuve de ces contacts avec les Eglises soeurs, y compris aux Indes...

Les navires marchands du royaume d'Aksoum étaient si réputés qu'un poète persan les évoqua pour décrire la progression d'une caravane royale: "elle avançait, écrit-il, tel un vaisseau d'Adulis, dont la proue fend les flots comme la main du joueur écarte la poussière du sol." En 531, le moine Julien, qui catéchisait les nubiens, fut envoyé par l'empereur Justinien à la cour d'Aksoum. "Lorsqu'il me reçut, le roi portait, raconte-t'il, un vêtement en toile de lin rehaussé de broderies d'or et de perles. Il trônait sur un char doré traîné par quatre éléphants, et des flûtistes se firent entendre pendant l'entrevue."

Vers le VIème siècle le grec était parlé officiellement dans le royaume, mais Aksoum forgeait déjà sa propre langue littéraire, le guèze, signe de la vigueur intellectuelle et spirituelle de sa jeune culture. Le Nouveau Testament avait déjà été traduit dans cette langue, vraisemblablement par des moines syriens, car la version adoptée était tirée de la Bible d'Antioche (Syrie) et non pas de celle d'Alexandrie (Egypte). Si aujourd'hui la langue officielle de l'Ethiopie est l'amharique, la langue liturgique en usage dans toutes les cérémonies de l'Eglise est toujours le guèze.

Notons aussi que le canon de la Bible éthiopienne contient plusieurs livres considérés comme apocryphes par les autres Eglises: - le livre d'Enoch, l'Ascension d'Isaïe, l'Apocalypse d'Esdras, le Pasteur d'Hermas, pour ne citer que les plus importants.

Concernant la littérature apocryphe, nous avons pu trouver trace dans le dictionnaire biblique de Chouraqui d'un Evangile de Mathias (attesté par Origène mais aujourd'hui perdu), ainsi que les Traditions de Mathias (citées par Clément d'Alexandrie), qui serait peut-être le même ouvrage venu de l'Apôtre fondateur de l'Eglise éthiopienne. Souhaitons qu'une main heureuse puisse un jour mettre la main sur ces précieux documents, comme pour les manuscrits de la mer morte en 1947.

Chaque ville sainte d'Ethiopie possède sa croix.

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La montée de l'Islam estompa rapidement l'histoire d'Axoum, plus isolé encore du reste du monde que les chrétiens de Nubie (ancien royaume de Kousch mentionné par la Bible, entre l'Egypte et l'Ethiopie). Aksoum se débattit contre les musulmans et les infiltrations de ses voisins païens, on ne perçut plus de l'extérieur qu'un bruit confus de guerres et de batailles, une reine non chrétienne dévasta même le royaume vers la fin du Xème siècle. Pendant ce temps l'Europe entrait dans le Moyen-Age. Le centre de gravité du royaume chrétien se déplaça ensuite vers les hauts plateaux des Amhara.

Les Merveilles du Roi Lalibéla

Le renouveau de l'Ethiopie chrétienne vint du sud, de la région du Lasta. Vers 1135 apparut une nouvelle dynastie, celle des Zagoué. On assista à une puissante renaissance chrétienne, avec des moines d'une exceptionnelle sainteté. Au début du XIIIème siècle, le saint roi Lalibéla fit tailler à même le roc des montagnes de Lasta, un ensemble de dix églises monolithiques qui comptent parmi les plus étonnantes réalisations de l'art religieux qui soient au monde.

Le principe de ces édifices est extraordinairement original, vous pourrez le constater en regardant les photos ci-contre de l'église dédiée à Saint Georges: les ouvriers attaquèrent la roche vive et creusèrent une tranchée de 12 mètres de profondeur entourant un bloc central, auxquels ils donnèrent la forme d'une croix grecque, qu'ils évidèrent ensuite.

Un paroissien exerçant le métier de tailleur de pierre et à qui nous avons montré les photos nous a fait remarquer les "veines de la montagne", visibles sur le côté des portes latérales de l'édifice et signe qu'il s'agit bien de la "taille d'un seul bloc". On peut imaginer les efforts titanesques fournis par les hommes qui ont travaillé ainsi la montagne, sans machines modernes, à la seule force des bras et des mains. Ce témoignage dit à lui seul et mieux qu'un long discours la Foi vibrante et rayonnante de ces chrétiens oeuvrant sous un soleil qui de plus, brûle tout dans cette région du globe. La Foi soulève les montagnes enseigne l'Evangile; là elle les a taillées, et elle a même défié le soleil...

Selon la légende, le financement de ce projet coûta au roi Lalibéla sa fortune; il dormait à même le roc et, vingt ans plus tard, lorsque la dernière des dix églises fut achevée, il abdiqua et choisit la vie contemplative. Aujourd'hui, les éthiopiens voient en lui un véritable saint.

L'architecture des églises de Lalibéla a été inspirée par plusieurs cultures différentes. Elles révèlent des influences grecques et byzantines, sans doutes apportées en Ethiopie par les chrétiens d'Egypte fuyant les persécutions musulmanes. D'autres fenêtres reproduisent des svastikas, (photo ci-dessous) symboles qui étaient forts répandus en Perse, en Orient et aux Indes et qui sont le signe de contacts avec les chrétientés de ces pays.

Le fait est parfaitement plausible; l'Ethiopie fut, certes, coupée des pays chrétiens du nord du bassin méditerranéen lors des conquêtes de l'Islam, mais elle entretint de puissants liens commerciaux avec les pays du Moyen-Orient et de l'Orient.

A travers l'Ethiopie, une centaine d'autres églises de type monolithique seraient connues, et antérieures au XVIème siècle. Il s'agirait la plupart du temps "d'églises de cavernes", mettant à profit l'existence de grottes naturelles, sous une voûte rocheuse. En 1965, un prêtre éthiopien, Abba Tawalda Medhin Joseph a révélé l'existence de cent vingts et une églises cachées dans les ravins des montagnes et les plateaux du Tigré, et demeurées pour la plupart totalement inconnues...

A l'aide d'un outil un ouvrier creuse la pierre pour achever une église. Il s'agirait de Lalibela en personne.

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Influences de l'Islam

Sur la photo de l'église ci-dessous, on peut découvrir deux fenêtres dont la partie supérieure pointue évoque l'origine musulmane. Ceci est remarquable dans le sens où il y a pu avoir intégration de croyants musulmans à la société éthiopienne dans une sorte de tolérance mutuelle. C'est un signe d'intelligence; si l'église lors d'une conquête avait été convertie en mosquée les symboles chrétiens auraient été détruits; même chose si les chrétiens avaient reconquis ensuite l'église. Il est plus juste de penser à des périodes de tolérance mutuelle entre les croyants des deux religions, périodes où les hommes de bonne volonté furent nombreux dans les deux camps...

La présence de croyants musulmans dans le royaume d'Ethiopie est attestée par "l'Histoire des Patriarches d'Alexandrie" écrite au Xème siècle. Le même texte précise que par la menace de mesures de rétorsions sur leurs sujets musulmans les souverains éthiopiens purent protéger à plusieurs reprises leurs frères chrétiens d'Egypte de la persécution. Ceci ajoute une note moins optimiste et encore moins désintéressée à ce que nous écrivions au paragraphe précédent. Les comportements furent différents selon les époques.

Si sous la dynastie des Fatimites, les égyptiens musulmans tolérèrent l'existence des royaumes chrétiens de Nubie (ancien royaume de Kousch mentionné par la Bible, entre l'Egypte et l'Ethiopie), la dynastie des Fatimites au XIIème siècle, sous la conduite du puissant chef Saladin alors en lutte contre les chevaliers européens des Croisades, ne tarda pas à s'attaquer à ces royaumes chrétiens proches de ses frontières.

En 1276, les Sarrasins placèrent un des leurs sur le trône de la Nobadie, le plus au nord des royaumes nubiens. Située au centre, la Makurie leur résista près d'un siècle, le troisième royaume, l'Alodie, fut submergé par les musulmans au XVème siècle. Neuf cents ans après l'évangélisation du moine Julien et de ses missionnaires en Nubie, l'Histoire mettait un terme à l'influence chrétienne dans cette région du globe. La Nubie Chrétienne cessait d'exister.

Puis au début du XVIème siècle - en 1527 précisément - les troupes de l'Imam Ahmed Gragne dévastèrent le royaume d'Ethiopie. L'envahisseur pilla et brûla d'innombrables églises et monastères, il fut presque sur le point d'anéantir l'Ethiopie chrétienne.

Mais en 1543, les éthiopiens, aidés d'un corps expéditionnaire portugais, réussirent à le vaincre.

le Renouveau Contemporain et l'Autonomie de l'Eglise

Dans les siècles qui suivirent cette période mouvementée, le pays se morcela. Les querelles dynastiques furent nombreuses. La seule force d'unification visible fut l'Eglise, véritable épine dorsale de la nation. Vers la fin du XIXème siècle le principal ennemi extérieur de l'Ethiopie fut d'abord l'Egypte, ensuite l'Italie dont les forces armées furent battues en 1896. Mussolini réveilla les ambitions italiennes en 1935, il faudra attendre 1941 pour que le monarque éthiopien Haïlé Sélassié retrouve son trône avec l'aide de l'armée britannique.

En 1944 Haïlé Sélassié créa une école théologique pour un clergé éthiopien surabondant mais peu instruit, avec à la tête de l'Institut un érudit membre d'une Eglise orthodoxe-soeur (un arménien, puis un syrien du Malabar). Les années précédentes s'étaient traduites par l'émancipation canonique de l'Eglise vis à vis de celle d'Alexandrie: en 1929 elle avait obtenu l'ordination épiscopale de cinq évêques autochtones. En 1948 l'existence d'un archevêque éthiopien fut acceptée; en 1959, un accord définitif consacra l'autocéphalie de l'Eglise avec un patriarche catholicos à sa tête (abouna). Le synode présidé par le patriarche est composé de vingt-deux évêques éthiopiens; il doit simplement reconnaître la primauté d'honneur du patriarche égyptien d'Alexandrie. Il existe également un chef de l'ordre monastique (etcheguié) qui joue un rôle considérable dans un pays qui compterait huit cents monastères.

Le Patriarche actuel de l'Eglise Ethiopienne.

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A la suite de l'avènement en 1974 d'un régime militaire soutenu par l'ancien empire soviétique, l'Eglise d'Ethiopie dut affronter de nouvelles difficultés. L'abolition de la monarchie lui enleva son statut d'Eglise d'Etat, elle perdit également son immense patrimoine foncier. Néanmoins le nouveau pouvoir respecta cette Eglise, fortement identifiée à la culture du pays et donc facteur d'unité nationale.

Depuis la chute du bloc soviétique et la mise en place d'un gouvernement pro-occidental à partir de 1991, l'Eglise éthiopienne s'efforce de participer à la reconstruction du pays. La nation est en effet affaiblie par les nombreux conflits armés qui se sont déchaînés sur son territoire au cours des vingt-cinq dernières années; à cela il faut ajouter également une famine qui a fait de nombreux ravages parmi les populations civiles.

Environ la moitié de la population est chrétienne-orthodoxe, on compte quarante pour cent de musulmans et dix pour cent d'animistes. Il y aurait cent vingt-cinq mille prêtres et diacres (abondance du clergé comme on peut le voir sur la photo ci-dessous) et le pays compterait douze mille paroisses.

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*** Bibliographie utilisée par l'auteur pour la rédaction de ce dossier:

** Collection Time-Life - Les Royaumes Africains - 1967

** Agenda 2000 - photos - 29 expéditions café

* Sur Internet - sites à consulter:

http://www.universalis-edu.com/doc/atlas/articles/G970851_2.htm

http://perso.wanadoo.fr/rasta.irie/ethiopie-1.htm

http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/cl/cl_775_p1.html

http://www.afriquepluriel.ch/etio-a.htm

http://schalaweens.multimania.com/ethiopipays.htm

http://www.ifrance.com/riviereclan/pretre%20jean.htm


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