Voici quelques extraits choisis de ce complément d'information, rédigé par M. Pierre Girard-Augry, sur l'eucologe de Mgr Chatel.
Pour voir la photo en plein écran cliquer ici
Le Nouvel Eucologe (livre de prières pour l'office des dimanches et des fêtes) à l'usage de l'Eglise catholique française en notre possession est un petit ouvrage de 8x13,3 cm, relié en maroquin vert et monogrammé L. B. Il a appartenu à Mr Blanchard, employé des douanes à Nantes et acquis en 1834.
Pour voir la photo en plein écran cliquer ici
Il est complété par des hymnes, prières et cantique manuscrits: Sur la mort de St. Estève, Pour la mort d'un soldat, une Prière à l'Agnus et un cantique Frères, fuyons l'indifférence...
Composé par A.-B. Saint-Estève, il fut imprimé à Paris en 1834 par "monsieur A. Éverat, rue du Cadran, n° 16 [à Paris]" et était disponible au Temple catholique français primatial, rue du Faubourg Saint-Martin, n° 59, et chez l'auteur, rue du Faubourg Saint-Denis, n° 43.
Le présent Eucologe se compose de sept parties :
* Les prières du matin, et notamment le "Symbole de l'Eglise française", la confession en sept points de ladite Eglise et les prières du soir (p. 2 à 14).
* L'ordinaire de la messe, précédé de la bénédiction de l'eau, du sel, du mélange du sel et de l'eau et de l'Aspersion (p. 14 à 51).
* Les propres du temps (p. 52 à 170), incluant la messe pour la fête de la patrie.
* Les messes spéciales (p. 171 à 304) : pour le printemps, l'été, l'automne et l'hiver ; messes pour la fête de l'Eternel, pour la dédicace d'un temple, pour les femmes célèbres, pour les mariages, pour la première communion, pour la confirmation, en actions de grâces, pour implorer les grâces du Seigneur pour les entreprises ; messe anniversaire pour Vincent de Paul, Fénelon, L'Epée, Franklin, Ganganelli, Monthyon, Liancourt, Belzunce, Hoche, Desaix, Lafeuillade, et tous les philanthropes qui consacrèrent leur vie au bien de l'humanité ; pour Napoléon ; pour Voltaire, Rousseau, Diderot, d'Alembert, Helvétius, et tous les grands écrivains qui répandirent dans le monde civilisé les lumières de la Raison ; pour les malades et les affligés ; messe quotidienne pour les morts, pour la mort de Napoléon, messe de deuil pour Lulli, Molière, Monvel, Talma, Raucour, Philippe, et tous les artistes qui honorèrent la scène française; messe anniversaire pour les morts, messe de deuil pour les enfants.
* Les prières pour les calamités (p. 305 à 307).
* Les hymnes : Vérité, Amour de Dieu (p. 308 à 312).
* Les vêpres (p. 313 à 339), les vêpres des morts (p. 340 à 346) et les vêpres des morts pour les enfants (p. 347 à 349).
Les messes propres à l'Eglise Française ne sont pas sans rappeler le culte révolutionnaire de la Raison et la référence aux grands hommes du siècle des lumières : Voltaire, Rousseau, Diderot, d'Alembert... Sans oublier "tous les philanthropes qui consacrèrent leur vie au bien de l'humanité", la "fête de la patrie"; et surtout la mémoire de "Napoléon-le-Grand ", seul homme politique qui semble avoir trouvé grâce auprès des fidèles de l'Eglise Catholique Française. Napoléon est l'objet d'un véritable culte qui est évident dans les prières et les proses. En voici quelques exemples. Pour sa messe anniversaire, l'"Epître aux chrétiens" proclame que "s'il n'eût jamais commandé qu'à des Français, il eût soumis le monde et assuré le bonheur des peuples, idée sublime que caressait sa grande âme, et que son génie et son mâle courage eussent réalisée, si l'affreuse trahison de ceux qui lui étaient le plus chers ne fût venue borner, dans sa course immense, le grand, l'immortel Napoléon !"
La Prose récitée aussi bien pour sa messe anniversaire que pour celle de sa mort est éloquente :
Napoléon n'est plus ! une froide poussière
Est
ce qui reste, hélas ! à cet illustre nom !!
Français !
ce roi des rois n'est plus qu'un peu de terre !
Donnons un souvenir au
grand Napoléon !!
Enfin, le style de cet Eucologe peut apparaître, aujourd'hui, suranné. Beaucoup de prières, de proses, de psaumes, de répons sont en alexandrins ; y compris le chur des fidèles pour le Kyrie, le Gloria, l'Offertoire, la Consécration
Ainsi, le célébrant, au pied de l'autel, proclame :
"Pénétrés
de respect, approchons de l'autel,
"Du Dieu dont l'univers est le trône
immortel !
Les fidèles répondent :
"Du Dieu qui nous
remplit de joie et de tendresse,
"Et répand dans nos curs
la plus vive allégresse."
Le Pater lui-même est récité par le célébrant
en vers :
"Dieu bon ! pour imiter, en sa fervente ardeur,
"Jésus-Christ,
des Chrétiens, frère et législateur,
"Et suivre
avec amour, sa leçon exemplaire,
"Nous te disons d'un cur
sincère :
"Notre Père incréé !
seul souverain des cieux !
"Qu'il soit sanctifié ton nom
majestueux !!
"Que ton saint règne arrive et que, loi
salutaire,
"Ta volonté soit faite au ciel et sur la terre !!
"Donne-nous
aujourd'hui notre pain quotidien,
"Ô notre seul espoir !
notre unique soutien !
"Et pardonne-nous nos offenses
"Comme
nous pardonnons, imitant tes clémences,
"A ceux qui nous ont
offensés !
"Daigne accueillir le cri de nos curs
oppressés !
"Qu'à ta voix le péché
dans le néant retombe,
"Ne permets pas, Seigneur, que notre
amour succombe
"A la tentation ! !
"Délivre-nous
du mal et de l'affliction !
Pierre Girard-Augry.