La joie de célébrer Noël, nimbée de la lumière
du Christ, nous oblige, cette année, à prier peut être plus
encore qu'à l'accoutumée. La tragédie du 13 novembre a
marqué les esprits ; celle du 7 janvier nous a déjà
rappelé que le mal est toujours « en embuscade »,
tapi dans l'ombre et prêt à frapper les innocents.
Il est donc vrai que la religion peut être la meilleure, ou la pire
des choses. Venu des mots latin relegere « relire » et
religare « relier », le mot religion interroge. Vers quoi se
relier ? Comment lire et interpréter les textes sacrés ?
Eternelle question. Certains font le choix de la vie, d'autres celui de la mort.
Se relier au Christ, me semble-t-il, c'est d'abord choisir l'ouverture d'esprit,
l'humilité, le respect. Jésus, à mon sens, n'est pas venu
semer la mort, mais la vie. Sa résurrection en est le signe, mais pas
seulement. Le message du Christ, nous le savons, se résume à
travers un mot : aimer. Celui qui aime reste dans la vie. Cela devrait être
simple à comprendre, et à partager aussi !
En 2015 pour la jeunesse, l'idée de Dieu ne peut être celle de
ceux qui tentèrent de faire condamner Galilée, ni celle de
l'obscurantisme et des archaïsmes dépassés. Nous ne vivons
plus à l'époque de la terre plate et centre du monde. Vue par nos
satellites, sondes et autres engins d'exploration, notre planète est un
minuscule point bleu flottant dans l'immensité de l'espace. Des milliards
d'étoiles qui sont autant de soleils, avec chacun leur cortège de
planètes, nous entourent, voilà la galaxie. Mieux encore, des
milliards de galaxies sont actuellement perceptibles et répertoriées,
quel vertige... Et la physique moderne entrevoit maintenant une multitude
d'univers parallèles au nôtre... Le monde, ou plutôt les
mondes ? Il ne semble pas y avoir de limites à cette échelle.
Les limites, elles sont humaines. Vie fragile et éphémère,
mais vie précieuse à laquelle il faut donner un sens. En
s'incarnant jadis dans notre monde, le Fils de Dieu a témoigné que
l'humanité est importante à ses yeux. Nos peurs, nos doutes, nos
joies et nos peines font partie de lui désormais.
Les limites, elles peuvent aussi être créées par bêtise
et par ignorance, par l'orgueil arrogant et cynique de l'imbécile qui déforme
tout et ne comprend rien. Lorsque le prétexte religieux ou politique s'en
empare, cela fait mal. L'Histoire nous montre le danger permanent des
totalitarismes, à toutes les époques. Ils engendrent fanatisme,
mort, désolation.
En antidote, pour conjurer l'obscurantisme, il y a l'amour, le respect, la
liberté, l'humilité. Le Dieu révélé par Jésus
respecte le libre arbitre, il nous laisse le temps de grandir. Jésus
enfant a aussi appris à marcher, à parler, à lire. Il a
fallu du temps pour qu'il devienne un homme et prenne conscience du monde dans
lequel il se trouvait.
Il en va de même pour nous, nous avons besoin de temps pour tout.
Parce que l'erreur fait partie de l'humanité, parce que vivre c'est
souvent tâtonner, essayer, se tromper, se reprendre, mais c'est aussi
aimer et évoluer. La vie devrait toujours être une belle aventure,
et lorsqu'elle est partagée avec des êtres aimés, c'est
encore mieux.
« Faire de sa paroisse un foyer bienfaisant et chaleureux capable
de faire rayonner l'amour et la paix du Christ » ; c'est une
phrase que j'avais écrite dans une lettre pastorale en 1988. Elle est
toujours d'actualité. Dans nos chapelles gallicanes, chaque recteur fait
de son mieux pour vivre selon cet esprit. Cela explique, à mon sens, le
succès grandissant de notre pratique pastorale auprès de ceux qui
nous rejoignent et prient avec nous, demandent le baptême et souhaitent
faire bénir leur union.
Une Eglise à visage humain, pour les hommes et les femmes de bonne
volonté qui cherchent une spiritualité nourrissante et heureuse,
telle est la vocation originelle de notre Eglise. Le souffle parti de Gazinet en
1916 avec la création de l'association cultuelle Saint Louis nous
rappelle que nous fêterons cette année le centième
anniversaire de notre cultuelle bordelaise
On peut sans doute parler
d'implantation locale réussie ?
Nous n'avons pas l'autoritarisme d'autres Eglises, en apparence plus
puissantes et mieux structurées. Nous nous maintenons sans inquisition ni
violence verbale. Parce que le rassemblement des chrétiens ne peut se
faire qu'autour d'une Eglise compréhensive, éclairée,
orante, à l'écoûte de la Bible et des Pères de lÉglise,
il ne peut exister de victoire que dans la voie de sainteté !
Avec mon baiser de paix et ma bénédiction
Dans la paix et la lumière du Christ
Mgr Thierry Teyssot ce 17 décembre 2015
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