L'étude des origines du rite gallican a fait l'objet de bien des controverses, beaucoup d'hypothèses ayant été émises à son sujet.

On constate néanmoins qu'à la fin du Vème siècle les Eglises de Gaule, d'Espagne, d'Angleterre, d'Irlande, et peut-être de l'Italie du Nord n'observaient pas l'usage romain pour la célébration de la messe.

Selon l'hypothèse la plus couramment admise, les initiateurs du rite gallican auraient été les premiers évêques de Lyon Pothin et Irénée qui venaient d'Orient. Rappelons que Saint Irénée fut consacré par Saint Polycarpe qui lui-même tenait son épiscopat de l'Apôtre Jean. Saint Jean résidait à Ephèse dans la maison de la Vierge Marie; il fut le premier évêque de cette ville. Le génie religieux d'Irénée, le rayonnement incontestable de sa spiritualité au IIème siècle dans toute l'Eglise des Gaules et même au-delà constituent des arguments de poids en faveur de cette théorie (dite Ephésienne); soulignons qu'elle fut défendue par le talentueux Père Lebrun de l'Oratoire dans son livre "Explication de la messe" édité à Paris en 1726.

Il nous faut aussi considérer que la liturgie gallicane - jusqu'à sa suppression par Charlemagne aux VIIIème et IXème siècles - admit selon les temps et les lieux divers enrichissements où l'influence orientale continua à se faire sentir. Cassien (+vers 435), le fondateur du monastère Saint Victor de Marseille, l'ami et le conseiller de l'archevêque d'Arles Saint Honorat, introduisit une liturgie qui suivait le schéma oriental. D'ailleurs, les rites chaldéen et gallican, avec l'hymne du Trisagion et le Credo (sans filioque) comprenaient l'un et l'autre le chant psalmodié de trois psaumes, des leçons d'Ecriture précédées et suivies d'une prière (bénédiction), une prière secrète pour le peuple avec une inclination (l'équivalent de la bénédiction du peuple de l'actuel rite gallican de Gazinet), le renvoi des catéchumènes avant le Credo, la présentation des offrandes sur l'autel, la lecture des diptyques des saints vivants et morts et le baiser de paix.

Les rapports entre Marseille et Ephèse semblent avoir été constants au Vème siècle, comme le montre la fête de la translation des sept dormants d'Ephèse au monastère Saint Victor. L'Histoire ecclésiastique rapporte que Cassien aurait connu la liturgie de Jérusalem lorsqu'il résidait à Bethléem, celle de Saint Marc à l'occasion de son séjour en Egypte, et le rite de Constantinople parce qu'il reçut probablement le diaconat dans cette Eglise des mains de Saint Jean Chrysostome.

Archdale King dans son livre liturgies anciennes (Mame 1959) nous dit que "la liturgie gallicane, qui était en grande partie d'origine monastique ne se développa que dans la première partie du VIème siècle et fut amenée à sa perfection par les archevêques d'Arles qui avaient reçu leur formation au monastère de Lérins. De l'Eglise d'Arles comme point de départ, et empruntant librement à Marseille (Saint Victor) et à Lérins, elle se répandit bientôt dans toute la Gaule, de l'autre côté de la Manche et au-delà des Pyrénées."

Les archevêques d'Arles, issus du monastère de Lérins - Saint Honorat (426-429), Saint Césaire (502-543), Saint Virgile (+610) - ont certainement contribué à fixer les formules et les cérémonies du rite tant dans les conciles provinciaux qu'ailleurs. La probabilité augmente si l'on considère la prééminence ecclésiastique de l'archevêque d'Arles aux Vème et VIème siècles. Bien des conciles en Gaule laissèrent des canons sur des questions liturgiques, et il est intéressant de noter que sur seize conciles qui se tinrent du IVème au VIème siècles, onze eurent lieu dans la juridiction d'Arles. L'archevêque d'Arles agissait comme primat, convoquant et présidant les conciles en Gaule.

L'occupation de l'Aquitaine par les Wisigoths au Vème siècle refoula les éléments les plus cultivés en Provence. Il y a peu de doute que le rite gallican ne se soit enrichi en Provence et répandu à partir de cette province.

Le monastère de Lérins - fondé par Saint Honorat au Vème siècle, l'ami de Cassien dont nous avons déjà parlé plus haut - foyer de sainteté et d'étude, pépinière d'évêques et de savants exerça sans doute une influence importante sur le rite gallican, jouant un rôle de tête de pont d'où la philosophie chrétienne, la théologie et la liturgie pénétrèrent le continent par la vallée du Rhône.

Il serait inconcevable de penser que tant de ses religieux qui devinrent évêques sur le continent aient complètement abandonné la liturgie à laquelle ils étaient habitués:
Saint Eucher à Lyon, Saint Loup à Troyes, Maguncius à Vienne, Sedastus à Vienne aussi, Valérien à Cimiez, Saint Maxime et Fauste à Riez, Saint Honorat, Saint Hilaire, Saint Césaire et Saint Virgile à Arles...

à suivre... Précisions sur le Rite Gallican


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